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La trame climatique

I - Les climats polaires et subpolaires


Une tonalité générale : la tyrannie du froid.

La domination du froid et sa permanence admettent cependant des variantes imposées par la diversité des conditions géographiques : au bassin polaire arctique majoritairement océanique s'oppose la continentalité de l'Antarctique, véritable freezer de la planète.

I - 1 - Des limites climatiques assignées par les facteurs astronomiques

Les analyses des conditions d'interception du rayonnement solaire par la Terre fait ressortir l'importance du déséquilibre énergétique provoqué par l'absence d'un rythme diurne d'illumination solaire. Les variations journalières de la température ne peuvent lui être imputées. Ce déséquilibre s'amorce au cercle polaire et s'aggrave évidemment quand la latitude augmente au point d'être maximal au pôle. La cryosphère s'exprime donc pleinement ici.

I - 2 - L'opposition jour/nuit et les effets induits

Rappelons seulement que sur toute la période où le jour est ininterrompu, le soleil reste bas sur l'horizon et l'énergie de son rayonnement est épuisée par sa longue traversée atmosphérique et par son étalement à la surface du sol. L'albédo élevé de la neige et de la glace accentue encore ces conditions défavorables de sorte que les calottes polaires ne tirent qu'un maigre avantage de leur éclairement estival. Lorsque l'obscurité les envahit à nouveau, la banquise atteint progressivement son maximum d'extension et l'ensemble de la couverture glaciaire rayonne vers l'espace : les pertes radiatives restent seules en jeu puisque l'apport de l'énergie solaire a évidemment disparu. En somme, les régions polaires doivent à des conditions astronomiques particulières l'installation du froid que l'englacement contribue à entretenir et à accentuer.

I - 3 - Le climat polaire austral et ses divers aspects

Le domaine du climat polaire austral est facile à circonscrire, à première vue. Le continent antarctique est approximativement centré sur le pôle et l'océan le cerne de toutes parts. Mais des îles périphériques comme les Orcades, South Georgia, Bouvet, Macquarie et même les Kerguelen, par 50° Sud, rentrent dans l'orbite subpolaire australe en raison de leurs étés extrêmement frais. Une approche grossière amène à distinguer trois ensembles climatiques disposés en auréoles autour du pôle.

A/ Le climat polaire continental

Il sévit sur la majeure partie de cet énorme inlandsis de 14 millions de km² environ. C'est le domaine de l'éternel hiver. Entre 30 et 120° Est, le plateau central est soumis à un froid intense. Sur le site même du pôle (station Amundsen-Scott), la température moyenne annuelle est d'environ -51°C.
Elle est encore plus basse (-56°C) à Vostok, à 79° Sud, où des minima inférieurs à -90°C ont été notés à plusieurs reprises sur 35 années d'observation. Il est vrai que l'altitude (3500 m) s'ajoute à l'hypercontinentalité pour faire de cette station le pôle planétaire du froid (températures moyennes des mois extrêmes : -33°C et -68°C). L'extrême sécheresse de l'air explique l'insignifiance des précipitations (de 50 à 100 mm/an tout au plus).
Des perturbations pénètrent pourtant jusqu'au pôle, en coupant au plus court, suivant l'axe mer de Weddell-mer de Ross.

B/ Le climat du littoral

En bordure d'inlandsis, il reste très rigoureux mais les températures y sont moins excessives. A Halley Bay, sur la côte orientale de la mer de Weddell, la moyenne annuelle accuse -19°, la température moyenne des mois extrêmes, -5°C et -29°C. Il faut atteindre l'extrémité de la presqu'île antarctique, par 60° Sud, pour trouver des conditions moins sévères (les températures moyennes mensuelles s’échelonnent entre 1°C et -10°C). Mais ces moyennes reflètent difficilement une réalité complexe faite de contrastes brutaux de masses d'air. La variabilité thermique interdiurne, maximale en hiver, peut dépasser 25° au passage des perturbations les plus violentes. Aux brefs "redoux" qui signalent l'influence maritime s'opposent les irruptions continentales d'air glacé. La turbulence est à son comble : blizzards et vents catabatiques soufflent couramment à plus de 100 km/h. Les précipitations annuelles dépassent localement le mètre.

C/ Le climat subpolaire océanique

Un climat sans saisons d'une extrême monotonie. Il s'étend sur une vaste auréole entre 60 et 50° Sud, baignée par l'océan, d'où émergent quelques îles désolées. La passage quasi quotidien des perturbations entretient à longueur d'année des temps troublés et maussades. Si le gel hivernal devient moins sévère, l'été reste d'une extrême fraîcheur, voire froid. D'où une amplitude thermique très faible (à peine 4° aux Macquaries, pour des extrêmes moyens mensuels de 3°C et 6,7°C). Dans cette atmosphère perpétuellement agitée, les précipitations sont généralement abondantes (1300 mm à Grytviken, par 54° Sud).

I - 4 - Le climat polaire arctique et ses variantes

Les limites du climat polaire arctique paraissent plus floues que celles de son homologue austral. Sa configuration géographique est moins simple aussi : les bordures continentales de l'Amérique du Nord et de l'Eurasie s'effritent sur le bassin polaire en une multitude d'îles. L'une d'elles, le Groenland, est la plus vaste du monde. Elle s'étire de 60 à 83° de latitude Nord. C'est aussi, en raison de sa taille, le deuxième inlandsis du globe, qui joue un rôle essentiel dans le climat de l'Atlantique Nord et de ses entours. Cette disposition d'ensemble suggère que les hautes latitudes boréales en milieu océanique sont soumises, selon leur situation, au jeu complexe des influences continentales ou maritimes de leur périphérie. Une simplification de ce contexte climatique aboutit à distinguer trois ensembles.

A/ Le Groenland

L'inlandsis groenlandais, soit 85 % environ de la surface de l'île, est une sorte de mini-continent antarctique. On y relève les températures les plus basses de la calotte polaire boréale. Sur une courte période d'observations, Eismitte, par 71° Nord, accuse une température moyenne annuelle de -30°C, avec, pour les mois extrêmes, des moyennes de -11°C et de -47°C. Là encore, l'effet de l'altitude (3000 m) s'ajoute à celui de la continentalité. Plus au nord, à Northice, la température est descendue jusqu'à -70°C. En dépit d'une variabilité interannuelle importante, les hivers restent très rigoureux et une forte inversion thermique de surface génère un anticyclone pelliculaire, bousculé de temps à autre par le passage de cellule dépresionnaires. Mais les perturbations n'y apportent que de faibles précipitations (110 mm/An à Eismitte, répartis sur 200 jours !), uniquement sous forme de neige et principalement d'octobre à janvier.

B/ Le bassin polaire proprement dit

L'extension de la banquise hivernale ne réussit pas à construire un puissant anticyclone de surface sur l'océan Arctique. En revanche, celui-ci apparaît au cours de l'hiver, de l'Alaska à la Yakoutie et verrouille par là même le détroit de Béring. Or, une dépression centrée statistiquement dans les parages de l'Islande se situe à l'endroit même où l'océan Arctique communique avec l'Atlantique Nord par le seuil largement ouvert du Groenland à la Scandinavie. Les masses d'air venues du sud et les eaux tièdes entraînées par une branche de la dérive nord-Atlantique pénètrent aisément dans le bassin polaire et y apportent leur influence adoucissante jusqu'au Spitzberg et à la mer de Barentz pour le moins. D'où une dissymétrie climatique marquée entre le secteur atlantico-européen du bassin, bénéficiaire de cet adoucissement, et le reste, soumis à des conditions continentales beaucoup plus sévères. Le pôle lui-même, pour lequel les observations font défaut, paraît avoir une température moyenne annuelle de -20°C, de -38°C à 0°C environ pour les moyennes correspondant aux mois extrêmes. A Isfjord-Radio (Spitzberg), à 78° Nord, quatre mois ont une température moyenne positive (maximum en Juillet de 5°C) et l'hiver n'y est guère plus froid qu'à Moscou, seulement plus long. Au coeur de la saison froide, des redoux fugitifs mais spectaculaires signalent le passage des secteurs chauds qui s'insinuent jusqu'en mer de Barentz à la faveur de perturbations dont l'occlusion n'a pu totalement s'accomplir. Ces phénomènes ne sont pas exceptionnels. Ils supposent une invasion rapide des masses d'air maritime pulsées par le minimum d'Islande et bloquées par un dispositif anticyclonique subméridien (axe Iles Britanniques-Scandinavie) qui les infléchit vers le nord-est. Pour quelques heures, la façade occidentale de la Nouvelle-Zemble accueille des températures positives qui apportent un dégel fugace.

C/ Les marges continentales de leur sphère d'influence

Cette soumission aux influences maritimes qui s'étend jusqu'à des latitudes très élevées distingue nettement l'Arctique de l'Antarctique. Il faut toutefois se garder des généralisations. Du cap Tchéliouskine au détroit de Béring et au Grand Nord canadien, les confins du bassin polaire subissent vigoureusement l'empreinte climatique de leurs marges continentales. L'extension des anticyclones continentaux vers le nord y rendent les hivers très rigoureux qui engendrent froid intense et sécheresse de l'air car les perturbations n'y parviennent plus. A Eurêka (80° Nord), à l'ouest de la terre d'Ellesmere, la température moyenne se maintient inférieure à -30°C pendant cinq mois consécutifs (de novembre à mars inclus) et ne devient jamais positive qu'au cours des trois mois d'été (maximum de 5,7°C en juillet) qui reçoivent l'essentiel des précipitations dont le total annuel est insignifiant (69 mm). Au coeur de la mer des Tchouktches, à peine libérée de sa banquise, l'île Wrangel (72° Nord) compte encore, en moyenne, quinze jours de gel en juillet. Barrow, à la même latitude mais au nord de l'Alaska, a des été aussi brefs et brumeux, des hivers longs et rudes (minimum absolu de la station : -50°C). Précipitations indigentes là encore (75 mm/an) mais, fait paradoxal, les moustiques pullulent en été car les flaques d'eau parsèment la toundra subpolaire, le permafrost rendant le sol totalement imperméable.

 

II - Les climats des latitudes moyennes

La ceinture des latitudes moyennes assure dans chaque hémisphère la transition entre la calotte froide et la zone chaude. On l'appelle communément la zone "tempérée" mais cette étiquette est à proscrire car elle suggère une idée de modération que certains des climats qu'elle regroupe ne méritent pas : le comportement thermique des types continentaux est excessif au même titre que la violence des averses méditerranéennes...
Autant dire que la palette climatique de cette zone présente des tonalités variées. Elle s'exprime dans toute son amplitude en Amérique du Nord et en Eurasie mais elle est mutilée dans l'hémisphère austral où les masses continentales s'amenuisent considérablement au-delà du 40° parallèle. Le caractère dominant aux latitudes moyennes réside dans le jeu complexe d'influences antagonistes que se livrent océans et continents.

II - 1 - Les caractères généraux du climat océanique

Du 40° parallèle jusqu'au cercle polaire parfois (c'est le cas pour l'Europe), les façades occidentales des continents sont essentiellement soumises à l'influence maritime. Cette influence s'exprime au plus haut degré dans les presqu'îles et les milieux insulaires. Elle s'explique avant tout par le dynamisme de la circulation atmosphérique. Le grand courant d'ouest qui balaie ces latitudes assure le transport des masses d'air maritime vers les continents. C'est aussi dans le lit des westerlies que se développent et s'écoulent les perturbations porteuses de la pluie. Le climat océanique doit son originalité à ses caractères thermiques et pluviométriques.

A/ Le régime thermique de l'air tend à épouser celui de l'océan et se manifeste par la fraîcheur de l'été (la moyenne mensuelle la plus élevée oscille selon les lieux entre 11°C et 16°C, la douceur relative de l'hiver et, en corollaire, la faible amplitude annuelle de température. Les eaux voisines communiquent encore à l'air leur inertie thermique, comme l'atteste le décalage du minimum et du maximum des températures par rapport aux solstices, février et août devenant les mois extrêmes.

B/ Le régime pluviométrique se caractérise par la fréquence élevée des jours pluvieux, l'importance des précipitations et leur répartition saisonnière. Par année moyenne et selon les lieux, il pleut de 180 à 300 jours et la hauteur d'eau cumulée atteint 800 à 2000 mm en général. Elle augmente avec la latitude et l'exposition aux flux humides, ce qui explique des différences importantes suivant les stations : Copenhague reçoit moins de 600 mm de pluie en moyenne annuelle alors que Valentia (52° Nord) en totalise 1400, Bergen presque 2000, Brest 1100.Sur le littoral pacifique, Prince-Rupert (54° Nord) est nettement plus arrosé que Vancouver (49° Nord), respectivement 2500 et 1500 mm? L'hémisphère austral présente des divergences régionales identiques, avec un décalage de latitude d'une dizaine de degrés par rapport à l'hémisphère Nord. Comparer les 1100 mm d'Auckland (37° Sud) sur le littoral occidental de la Nouvelle-Zélande aux 630 mm de Christchurch (43° Sud) situé sur la côte orientale.
Tous les mois sont arrosés avec toutefois un fléchissement au printemps et en été, et un maximum de saison froide très accusé. Cela tient au renforcement de l'activité cyclonique en hiver, à l'extension des dépressions subpolaires vers les latitudes moyennes et au contraste thermique plus marqué des masses d'air. Le passage des perturbations fait alterner les "crachins" interminables avec les brusques averses du front froid et des traînes instables ponctuées d'éclaircies apportant une visibilité parfaite. Ce profil est original car, hormis le climat méditerranéen, tous les autres climats de la Terre placent leur maximum pluviométrique en saison chaude. Des variations interannuelles notables sont masquées par les valeurs moyennes mais l'intérêt de celles-ci est de mettre en relief certaines variantes régionales.

II - 2 - Les types de climat océanique

Sans trop simplifier la réalité, il paraît possible de distinguer trois sous-types de climat océanique par un bref examen des régimes thermiques et pluviométriques.

A/ Le climat océanique frais, pour ne pas dire froid, jouxte le domaine subpolaire. Maussade en toutes saisons, il est nébuleux et venteux avec des étés très frais. La température moyenne mensuelle à Reykjavik (64° Nord) oscille entre -0,5 et 12°C, à Punta Arenas (53° Sud) entre 1,5 et 11°C. La neige n'est donc pas rare et l'importance des pluies d'été provient du fait que la partie active des perturbations traverse alors ces latitudes proches des dépressions subpolaires. Appartiennent à cette catégorie : l'Islande, la Norvège centrale (région de Trondheim), le littoral septentrional de la Colombie-Britannique, le Sud chilien.

B/ Le climat océanique doux se démarque du précédent par ses températures plus élevées en toutes saisons. Le gel nocturne survient parfois en hiver, mais la turbulence de l'atmosphère et la forte nébulosité écartent généralement cette éventualité. La température moyenne du mois le plus froid atteint 6°C à Brest, 6,8° à Valentia et 7,4° à Isla Guafo, au Chili. Néanmoins, ces relevés opérés sous abri ne traduisent pas une réalité beaucoup plus rude à supporter physiologiquement quand la violence du vent et une humidité relative élevée se combinent. L'été reste frais et nettement moins pluvieux que l'hiver. Les épisodes troublés deviennent moins fréquents et sont séparés par les séquences calmes et ensoleillées que procurent les situations anticycloniques.


C/ Le climat semi-océanique (ou "océanique atténué"). Avec l'éloignement des masses maritimes, le climat océanique perd progressivement ses caractères spécifiques. Cette dégradation affecte à la fois le profil thermique et le régime pluviométrique. Cela suppose un arrière-pays continental dépourvu de reliefs importants qui confineraient l'influence océanique à une frange littorale étroite, comme c'est le cas en Amérique du Nord et au Chili, où des chaînes côtières gigantesques fixent des limites climatiques précises. En revanche, l'Europe moyenne, au nord du 48° parallèle, n'oppose aucun obstacle orographique notable à la circulation des masses d'air provenant de l'océan comme du continent. On peut donc y suivre les degrés d'atténuation des caractères océaniques. Les étés deviennent plus chauds, les hivers plus froids et l'amplitude thermique moyenne annuelle augmente. Les précipitations ne diminuent que progressivement mais leur régime évolue beaucoup plus vite. Paris présente déjà deux maxima, l'un, principal, situé en été, l'autre, secondaire et hivernal. Circonstances locales ou amorce d'un changement ? Strasbourg et surtout Colmar confirment cette évolution, les pluies d'été représentant plus du tiers du total annuel.

 

II - 3 - Les caractères généraux du climat continental

Sur d'immenses espaces de l'Eurasie et de l'Amérique du Nord, les influences océaniques ne parviennent pas à pénétrer et la continentalité s'exerce alors avec plus ou moins de vigueur. Cette transition est brutale au Canada et aux États-Unis car les Rocheuses dressent un écran efficace, plus progressive en Europe où les complicités de la géographie ne facilitent pas la tâche du climatologue en quête de frontières. Quoiqu'il en soit, le régime thermique continental s'exprime par une forte amplitude thermique annuelle qui croît de l'ouest vers l'est en Eurasie, du sud-ouest vers le nord-est en Amérique. Ainsi, de la Hongrie à la Yakoutie, le crescendo est saisissant : 23°C à Budapest, 26,5°C à Kiev, 33,5° à Kazan, 40°C à Omsk, 62,7°C à Yakoutsk, 66°C à Verkhoïansk. Et en Amérique du Nord, des plaines centrales au Yukon, 26,1°C à Saint-Louis (États-Unis), 38,9°C à Winnipeg, 46,4° à Dawson City. Dans l'un comme dans l'autre cas, l'accentuation du froid hivernal explique à elle seule la croissance de l'amplitude annuelle bien que les étés soient très marqués jusqu'à des latitudes relativement élevées. La plus forte moyenne mensuelle à Verkhoïansk (67° Nord) s'élève à 15,6° et à 15° à Dawson (64° Nord). C'est autant qu'à Valentia, à 52° Nord. A des latitudes plus basses, la chaleur de l'été (moyenne du mois le plus chaud supérieures à 25°C) maintient l'amplitude à un niveau élevé en dépit d'un hiver nettement moins rigoureux. En retenant les températures moyennes de janvier, de juillet et l'amplitude correspondante, on peut comparer les données de Tachkent (42° Nord) en Ouzbékistan (-1,5°C ; 25,5°C ; 27°C) à celles de Salt Lake City (41° Nord), centre-sud des États-Unis (-1,7°C ; 25°C ; 26,7°).

L'importance de l'amplitude annuelle se traduit par une forte variabilité interannuelle de la température, plus sensible encore aux intersaisons. Printemps et automne deviennent des transitions éphémères entre les deux saisons extrêmes. La différence atteint 8,9°C à Moscou et 11°C à Kazan entre mars et avril, 16,2°C à Verkhoïansk entre avril et mai. Autant dire que le retour brutal à des températures positives déclenche soudainement le dégel (la raspoutitsa des Russes) qui transforme les étendues neigeuses d'hier en un véritable bourbier. La nature s'éveille et reverdit en l'espace de deux à trois semaines. On s'enlise dans l'hiver aussi rapidement. Le passage à des températures négatives s'opère dès octobre en Sibérie orientale, en novembre en Russie centrale et sur la majeure partie du Canada où la première chute de neige succède vite à l'"été indien".
La continentalisation entraîne une réduction des précipitations (575 mm à Moscou, 420 à Sverdlovsk à l'est de l'Oural, 220 à Yakoutsk) qui s'accentue encore dans les régions situées à l'abri des reliefs (de la Caspienne au Gobi en Asie, le Grand Bassin aux États-Unis). L'été détient le maximum pluviométrique grâce à l'instabilité thermoconvective mais celle-ci disparaît pendant toute la période froide où une forte inversion thermique affecte l'atmosphère inférieure. La faiblesse du rayonnement global, l'importance du rayonnement tellurique et l'albedo élevé du sol enneigé se conjuguent pour engendrer un froid intense. La densité élevée de l'air glacé créé un anticyclone pelliculaire puissant qui se constitue au cours de la longue période d'enneigement (160 à 210 jours de la Sibérie centrale à la Yakoutie, presque autant du Saskatchewan canadien à la province du Yukon). Des brouillards givrants tenaces alternent avec des tourmentes de belles séquences ensoleillées. Quelques périodes troublées avec des tourmentes de neige interrompent momentanément le froid vif et sec mais elles interviennent peu dans la tranche pluviométrique annuelle. Les cinq mois ayant une température négative à Moscou ne recueillent en moyenne que 28 % de ce total et seulement 18 % à Calgary, au Canada.

II - 4 - Les différents visages du climat continental

Entre le climat océanique dégradé et le climat continental excessif, un classement subtil pourrait dégager une gamme plus ou moins étendue de types intermédiaires à la condition d'adopter des critères et des limites plus ou moins arbitraires. Une classification grossière met en évidence quelques grandes tendances.

A/ Le climat continental modéré peut être considéré comme un type hybride s'écartant plus ou moins des paramètres moyens qui prétendent le définir. Les températures restent négatives pendant quatre à cinq mois, les moyennes de janvier évoluant de -4°C à -12°C selon les régions. Les périodes anticycloniques de froid sec alternent avec les "redoux" des passages perturbés. De novembre à mars, la neige couvre le sol. L'été est relativement long, assez chaud (de 18° à 21° en juillet) et orageux. Mais les précipitations présentent des irrégularités interannuelles et spatiales importantes. Toute la saison peut être "pourrie" (comme en Ukraine en 1956) ou marquée par la sécheresse (qui s'est étendue à une bonne partie de la Russie en 1959). Ce climat s'étend de la Pologne à l'Oural, en Europe et des Grands Lacs aux Rocheuses en Amérique du Nord.

B/ Le climat continental affirmé se caractérise par la relative régularité de son comportement thermique, la longueur de ses hivers (5 à 6 mois) et leur rudesse (-20°C à -30°C de moyenne de janvier mais les vagues de froid font chuter la température jusqu'à -45°C ou -50°C). Les temps anticycloniques dominent largement mais des passages perturbés apportent des tempêtes de neige. L'été ressemble à celui du climat continental modéré, en moins orageux. Ce climat s'étend sur la Sibérie occidentale et centrale, la majeure partie du Canada à l'ouest du Québec.

C/ Le climat hypercontinental apparaît en Sibérie du nord-est (Yakoutie) qui a longtemps le record du froid (-70°C à Oïmekon et à Verkhoïansk) avant d'être détrôné par certaines stations des inlandsis polaires. Le froid est intense en hiver et les températures sont très inférieures à celles du bassin arctique. A Verkhoïansk, la température moyenne se maintient en dessous de -43°C pendant trois mois consécutifs. Sa remontée est spectaculaire en été (Yakoutsk est aussi chaud que Paris en juillet) et des vagues de chaleur ont apporté des maximas absolus approchant 40°C? Entre ces extrêmes, l'écart atteint presque 110°C ! En Yakoutie, les précipitations, essentiellement estivales, restent inférieures à 200 mm en général.
De tels excès se reproduisent, à un moindre degré toutefois, dans certains secteurs abrités du territoire du Yukon.

D/ Le climat continental "oriental" est un curieux mélange de caractères océanique et continentaux.
Aux latitudes moyennes, les marges maritimes de l'est des continents échappent à l'emprise océanique par leur profil thermique mais s'y soumettent par leur humidité. Les hivers restent anormalement froids. L'extrême-orient sibérien et la majeure partie de la péninsule du Labrador illustrent cette particularité climatique sans équivalent austral.
A la latitude de Biarritz, Vladivostok compte cinq mois de température moyenne négative (janvier : -13,7°C) et l'été est aussi chaud et aussi pluvieux que celui du Pays basque. A 60° Nord, Okhotsk a une moyenne de janvier de -24°C (à latitude identique, celle de Bergen s'élève à 1,5°C) et l'été est de type océanique frais. A Montréal, la continentalité s'exprime dans les températures (hiver froid, été chaud) mais le régime pluviométrique est hybride. Tous les mois sont copieusement arrosés. Aux pluies orageuses d'été répondent les perturbations neigeuses de l'hiver accompagnées de bourrasques qui construisent des congères dans les Laurentides, Terre-Neuve, la Nouvelle-Ecosse...C'est dans une de ces "poudreries" que s'est "écarté" François Paradis, l'amoureux de Maria Chapdeleine !

E/ Le climat continental aride. Lorsqu'une situation d'abri s'ajoute à la continentalité, l'aridité se développe. C'est le cas en Asie de tout l'ensemble régional qui s'étend de la Caspienne à la Mongolie incluse. La longue muraille montagneuse (Pamir, Tian-Chan...jusqu'au Grand Khingan) fait chuter la hauteur des précipitations annuelles à moins de 150 mm souvent et probablement n'excède t-elle pas 50 mm à l'ouest du désert de Gobi. Le régime pluviométrique subit une évolution en fonction de la latitude. Au nord du Kazakhstan, l'essentiel des plueis tombe en été alors qu'au sud du Turkménistan, le maximum pluviométrique survient l'hiver et l'été est totalement sec. L'aridité s'y manifeste d'autant mieux qu'une forte évapotranspiration est attisée par une chaleur estivale élevée (température moyenne comprise entre 24°C et 30°C). L'hiver devient moins froid. Tourgaï, à 50° de latitude Nord dans le Kazakhstan, a encore une moyenne de janvier de -17,5°C, alors qu'au sud de la Caspienne elle passe à 1°C.
En Amérique du Nord, l'aridité prend possession d'une bande méridienne (du Grand Bassin au plateau du Colorado) délimitée par les Rocheuses et la Sierra Nevada. L'altitude pénalise les températures d'hiver mais n'empêche pas les étés d'être très chauds. La moyenne de juillet s'élève à 25°C à Salt Lake City (1350 m d'altitude) et à 32,5°C à Las Vegas (36° Nord) où la hauteur annuelle de pluie dépasse de peu 100 mm.
La version australe de cette classe climatique est représentée par la Patagonie, asséchée par effet de foehn sous l'abri andin. Annuellement, les précipitations restent en dessous de 200 mm. Mais la continentalité ne parvient pas à s'affirmer réellement ici. Le profil thermique de Sarmiento (44° Sud) est de type océanique (les moyennes de juillet et de janvier sont respectivement 4,1 et 17,8°C) comme la répartition saisonnière des pluies dont le total annuel n'atteint que 182 mm.

 

II - 5 - Le climat de type "méditerranéen"

Il est difficile de trouver un climat mieux typé que le méditerranéen. C'est le climat des contrastes : douceur et violence y alternent. Sur les rives de cette mer intérieure et sur ses îles évidemment, règne une ambiance atmosphérique particulière. La faible fréquence des jours nébuleux laisse la place à un fort ensoleillement et à une luminosité du ciel peu commune aux latitudes moyennes. On frôle les 3000 heures d'ensoleillement par an à Saint-Raphaël alors que, dans le nord de la France, on dépasse de peu la moitié de ce total. En conséquence, des étés brûlants et des hivers doux pour ne pas dire tièdes de sorte que l'amplitude thermique annuelle est modérée, de 12 à 15° en général. Un regard sur les températures moyennes de janvier et de juillet et sur leur amplitude donne une idée approximative de la physionomie thermique : Antibes (9,1°C ; 23,5°C ; 14,4°C), Cap Corse comme Alger (10°C ; 24,4°C ; 14,4°C), Athènes (9,3°C ; 27,6°C ; 18,3°C), Tel-Aviv (13,6°C ; 26,9°C ; 13,3°C)...Mais ces valeurs voilent des caprices passagers. Il faut compter en effet avec les assauts fugitifs du froid et les vagues de chaleur plus durables. A Saint-Raphaël, on a noté les extrêmes suivants : -12°C et 41,5°C. En février 1956, Nice a compté 17 jours de gelée. La température est montée jusqu'à 47°C à Eleusis, près d'Athènes.
Le régime pluviométrique rappelle celui du climat océanique par son maximum de saison froide mais le minimum estival est si accusé que la sécheresse de l'été semble reproduire les conditions arides du milieu subtropical voisin au moment même où les fortes chaleurs dessèchent l'air et renforcent son pouvoir évaporant.
Au cours des trois mois d'été, Porquerolles ne recueille que le dixième du volume annuel (612 mm), comparable à celui de Paris ; c'est encore plus faible à Ajaccio (47 mm sur un total annuel de 672 mm), à Athènes (27 mm sur 402), à Alger (12 mm sur 700) et à Haïfa (1 mm sur 500) ! Aux portes mêmes de l'Europe continentale et océanique, souvent nébuleuse, cet oasis de charme a suscité un afflux massif de touristes en quête de soleil et de rivages enchanteurs.
Il faut cependant tempérer cette impression idyllique. Le climat méditerranéen connaît des périodes troublées. Des vents continentaux, s'engouffrent en accélérant leur vitesse dans les couloirs orographiques, font irruption sur le littoral et déclenchent de violentes tempêtes en mer : le Mistral en basse vallée du Rhône, la Tramontane dans le Roussillon, la bora sur la côte dalmate, le vardar en Macédoine, etc, font brusquement chuter les températures en hiver mais ils contribuent aussi, en toutes saisons, à maintenir la pureté du ciel.
Autre calamité : la violence des orages qui déversent en quelques heures des quantités d'eau impressionnantes : plus de 400 mm à Nîmes, le 3 octobre 1988 ; 435 mm à Perpignan (26/10/1915). Des abats de l'ordre du mètre, en 24 heures, ont probablement été atteints en altitude dans les Pyrénées-Orientales et le sud de l'Italie. De telles intensités ne se retrouvent qu'en milieu tropical, au passage des cyclones ou lors des assauts de la mousson. On comprend aisément qu'en un faible nombre de jours pluvieux on parvienne à des hauteurs annuelles parfois comparables à celle de l'Europe océanique.
Le contexte géographique du bassin méditerranéen se prête à l'éclosion de ces violences subites. Elles surgissent précisément après de longues périodes de calme estival où l'air chaud a eu le temps de s'humidifier sur une mer soumise à une évaporation intense et dont la température des eaux superficielles oscille entre 24 et 28°C.
Le rôle protecteur des relief de bordures, vers le Nord, joue ici un rôle décisif. Il place la Méditerranée dans une situation d'abri aérologique qui la protège de la circulation perturbée qui affecte principalement l'Europe occidentale, y compris en été.
Par contre, la proximité du continent africain assure une réserve d'air chaud toute proche. Les invasions froides, profitant des défaillances du rempart orographique, déclenchent rapidement des cyclogenèses. C'est en effet lorsque le Mistral a commencé à souffler qu'une dépression se creuse sur le golfe de Gênes, aspire l'air chaud du sud et construit un système perturbé.
Le mauvais temps éclate aussi, de façon plus insidieuse, quand des coulées polaires s'aventurent au-dessus de la Méditerranée en creusant une vallée planétaire. Cette invasion froide en altitude, surplombant l'air chaud et humide des basses couches, accroît le gradient thermique vertical et convertit l'instabilité potentielle en instabilité réelle. Elle suscite surtout une remontée d'air saharien, à forte capacité hygrothermique, qui se sature en traversant la mer et provoque des déluges au contact des premiers reliefs rencontrés.
Le Midi français est le plus exposé à ce genre d'évènements mais le versant occidental des Apennins et même la péninsule grecque sont accessoirement touchés. Les médias se font l'écho de ces accidents ravageurs par leurs effets hydrologiques. Chaque année en apporte des exemples.
Le creusement d'une dépression sur la Méditerranée engendre aussi, le plus souvent, un scénario classique de "retours d'est" qui déborde largement ce cadre régional puisque l'air chaud méditerranéen, expulsé en altitude, opère un mouvement de rotation vers l'Europe centrale et l'est de la France en y déversant des pluies ou des neiges d'occlusion.
L'extension du domaine méditerranéen a développé des visages climatiques régionaux sous la dépendance de facteurs aérologiques et géographiques : la partie orientale est plus chaude et moins arrosée que l'ouest du bassin. Du golfe de Gabès à Suez, le littoral africain n'appartient plus déjà à ce domaine climatique alors que des affinités méditerranéennes (précipitations concentrées sur l'hiver) pénètrent profondément en milieu continental de la Turquie jusqu'en Afghanistan.

Les "sosies" du climat méditerranéen

La bassin méditerranéen offre un cadre inimitable. Si le climat qui le caractérise réapparaît en plusieurs endroits de la planète, à l'ouest des continents et sur des franges littorales étroites bordées par l'océan, on ne retrouve nulle part sa copie exacte. Tout au plus des types régionaux présentant quelques similitudes.

Note sur les similitudes : elles tiennent essentiellement à une situation géographique commune, entre 30 et 40° de latitude environ, à la jonction de deux grandes entités climatiques : la zone chaude et la zone improprement appelée "tempérée". Cette situation charnière fait du climat méditerranéen une sorte d'hybride. Le balancement saisonnier des anticyclones subtropicaux assure tour à tour la sécheresse estivale qui rappellent les conditions sévères du désert voisin et l'instabilité hivernale quand le retrait des hautes pressions libère la circulation perturbée des westerlies. Le climat de type méditerranéen opère donc la transition entre un climat aride sur son flanc tropical et un climat océanique (voire continental) sur son flanc polaire. Des bordures littorales étroites répondent à ces caractéristiques, en Californie, dans le Chili central. On notera que, dans ces deux cas, des courants marins froids ou des upwellings, stabilisent l'air et réduisent fortement les précipitations (300 mm à San Diego en Californie, 340 mm à Santiago du Chili). Ils expliquent aussi la fraîcheur relative des étés (à peine 21°C pour la moyenne du mois le plus chaud). L'extrémité méridionale de l'Afrique et le sud-ouest de l'Australie présentent des types mixtes, mi-méditerranéens (hivers tièdes et étés chauds), mi-océaniques par leur caractère pluviométrique.

 

 

III - Les climats des basses latitudes

Ce domaine climatique est très vaste. Il ceinture le globe selon une large bande, axée sur l'équateur et bornée, dans chaque hémisphère, par l'anneau des latitudes moyennes. Les limites, évidemment fluctuantes selon les longitudes, sont fixées par les caractères particuliers de la dynamique atmosphérique. Le chapelet des anticyclones subtropicaux forme une césure dans le dispositif, de la circulation générale. Il constitue une sorte de frontière épaisse et discontinue qui isole le domaine des westerlies de celui des alizés, dans chaque hémisphère. Au plan climatologique, il se rattache aux basses latitudes par le niveau élevé des températures. C'est d'ailleurs là le trait commun de toute cette zone qui regroupe les climats chauds du globe que les rythmes pluviométriques permettent de distinguer.

III - 1 - Les climats arides tropicaux et subtropicaux

Les déserts qu'ils déterminent ne sont pas l'exclusivité du monde tropical puisque nous en avons identifié également aux latitudes moyennes et même dans les régions polaires (si l'on ne retient que l'indigence des précipitations). L'aridité traduit un déséquilibre profond et permanent du bilan hydrologique qu'il faut bien distinguer de la sécheresse qui reste un évènement accidentel.
Elle frappe d'immenses étendues dans les deux hémisphères : Sahara, Arabie, Iran, Thar, sud-ouest des États-Unis et nord-ouest du Mexique, Kalahari, Australie centrale et occidentale. Cette disposition correspond à l'axe des hautes pressions subtropicales responsables de l'affaissement lent mais continu de l'air, ce qui le comprime et le dessèche.
Les mécanismes de l'aridité : L'installation de l'aridité est la conséquence de plusieurs facteurs.
La faible nébulosité : elle se traduit par des records de durée d'ensoleillement, frôlant le maximum théorique dans le Sahara oriental.
L'intensité du rayonnement solaire qui engendre des températures très élevées ; les moyennes de juillet dépassent 37°C à Reggan et à Aoulef sur le plateau de Tademaït (Sahara occidental) et les maximas absolus sont parfois supérieurs à 50°C sur l'ensemble de ces déserts ; en hiver, la chute des températures consécutive au rayonnement nocturne entraîne des gelées (des minimas absolus de l'ordre de -7°C ont été relevés dans les plaines du Sahara occidental et en Arabie) ; les amplitudes thermiques diurne et saisonnière s'en trouvent renforcées en raison de la sécheresse de l'air.
- L'humidité relative devient très basse aux heures les plus chaudes et dans les parties les plus continentales ; elle est en moyenne relativement élevée sur les littoraux où rosées et brouillards nocturnes sont localement fréquents (Namibie, désert d'Atacama...).
- L'évaporation, intense, est attisée par les fortes chaleurs et épisodiquement par des vents desséchants (sirocco, khamsin au Sahara) ; elle prélève annuellement un peu plus de 4 mètres d'eau au lac Nasser en Nubie égyptienne ; une telle ablation au profit de l'atmosphère compromet le succès des aménagements hydrauliques dans les déserts chauds et venteux.
- Les précipitations ne peuvent être que dérisoires au sein d'un air voué à la subsidence ; la vaste enquête de Dubief consacrée au Sahara montre que la pluviométrie moyenne annuelle reste inférieure à 50 mm de la Mauritanie à la Nubie, à l'exception des reliefs un peu plus arrosés ; l'irrégularité des pluies enlève parfois toute signification statistique à la notion de moyenne ; il s'agit presque toujours de pluies sporadiques (dont certaines s'évaporent avant leur arrivée au sol) qui suivent le régime de leur bordure (hivernal sur leurs marges "méditerranéennes", estival sur leur flanc équatorial).

A/ Les types génétiques et géographiques des climats arides

En dehors des variables dues à l'altitude qui sont étudiées en fin de chapitre, une classification grossière peut être entreprise en fonction des mécanismes générateurs de l'aridité et de l'intensité de celle-ci.
- Les cellules anticycloniques, mieux marquées en altitude qu'à au sol où elles sont souvent remplacées par une dépression thermique en été, représentent la cause principale mais non unique de la subsidence de l'air.
- Courants froids et upwellings côtiers parviennent aux mêmes effets mais sur d'étroites bandes littorales au Sahara occidental, en Mauritanie, en Namibie, du Chili central au nord du Pérou, en Californie. Ils cumulent parfois leurs effets à ceux des hautes pressions.
- Les situations d'abri, en milieu tropical comme ailleurs, entraînent une diminution de la pluviosité. Au pied des monts Souleïman, Jacobabad (Pakistan) reçoit à peine 100 mm de pluie en moyenne annuelle.
- Une divergence aérologique, par la subsidence qu'elle génère, détermine en partie l'aridité somalienne, en dépit de la proximité équatoriale.

B/ Les degrés de l'aridité

Selon son ampleur, 3 types climatiques peuvent être distingués.

1/ Le climat semi-aride fait la transition entre la zone aride proprement dite et les climats périphériques ; les variations pluviométriques interannuelles restent fortent mais la moyenne dépassent largement 100 mm, répartie principalement sur 4 à 5 mois. La bordure nord du Sahara (Laghouat et Gabès reçoivent environ 170 mm/an), le Sahel du Sud (Agadès au Niger et Khartoum avec 165 mm/an), la quasi-totalité du désert australien (à l'exception de la cuvette du lac Eyre) illustrent ce type.
2/ Le climat aride peut être grossière circonscrit par l'isohyète 100 mm/an compte tenu d'une extrême irrégularité, avec au moins 2 mois dont la température moyenne dépasse 30°C (par exemple, la majeure partie du Sahara et de l'Arabie).
3/ Le climat hyperaride (plus d'une année sans pluie) est représenté dans le Sahara oriental (Lybie, Nubie, nord du Tchad et du Niger) et dans le désert d'Atacama, au nord du Chili où Arica n'enregistre aucune pluie notable (0,5 mm de moyenne annuelle) mais seulement des brumes qui se forment dans une atmosphère très fraîche pour latitude aussi basse (18° Sud).


III - 2 - Les climats intertropicaux à saisons alternées

La translation latitudinale des centres d'action au cours de l'année explique l'alternance d'une saison sèche et d'une saison humide. C'est le domaine de l'alizé et du régime de la "mousson" si l'on accepte de prendre ce terme dans son sens originel le plus large (issu d'un mot arabe signifiant "saison"). On parlait autrefois de pluies zénithales parce qu'elles semblent grossièrement accompagner le déplacement apparent du soleil au zénith. Toutefois, l'amplitude de ses oscillations varie selon les longitudes car elle subit le poids des facteurs géographiques.

A/ L'Afrique offre un cas de figure relativement simple en raison de la symétrie des masses continentales par rapport à l'équateur et de la localisation des cellules anticycloniques subtropicales sur l'Atlantique (Açores au Nord, Sainte-Hélène au sud). La saison pluvieuse est centrée sur l'été, la saison sèche sur l'hiver. En avril-mai, l'air humidifié sur l'océan et pulsé par l'alizé austral qui a franchi l'équateur pénètre lentement en Afrique occidentale. C'est l'amorce de la saison des pluies vers le 12° parallèle mais cette incursion d'air océanique est contenue plus au nord par l'alizé continental (harmattan) de sorte que la masse humide s'amenuise et parvient fin juin-début juillet vers le 16° parallèle. Le profil thermique moyen est calquée sur la courbe de déclinaison solaire. A Bamako (12°38' Nord) la température moyenne de janvier, mois le plus frais, s'élève à 25,5°C. Elle atteint un maximum en avril (34,1°C) puis fléchit ensuite à cause de la couverture nuageuse et de l'évaporation au cours de la saison des pluies qui apportent 1080 mm en 6 mois. Les précipitations s'effectuent par séquence de 4 à 5 jours, marquées par le passage de lignes de grains (ondes d'est). A Nema (16°36' Nord), au sud de la Mauritanie, l'amplitude thermique annuelle augmente (janvier : 22,7°C ; mai : 35,7°C) et la saison pluvieuse, réduite à 3 mois (juillet-septembre), n'apporte que 274 mm ; le reste de l'année est presque totalement sec. A Lubumbashi (12° Sud), au sud du Zaïre, la pluviométrie annuelle (1050 mm) est uniquement due à la période qui s'étend d'octobre à mars (c'est la traduction australe du régime de Bamako, avec l'inversion des saisons) mais l'alimentation en air humide provient ici de l'océan indien.

B/ En Amérique centrale et du Sud, l'équateur météorologique, matérialisé par un axe très dépressionnaire, subit une oscillation saisonnière de faible amplitude. La configuration géographique oppose la masse continentale de l'Amérique du sud tropicale au milieu insulaire des Antilles. A latitude égale, la saison sèche est bien moins marquée qu'en Afrique et la pluviométrie annuelle beaucoup plus forte, sauf dans le Ceara ("polygone de la sécheresse") qui, en dépit de sa proximité avec l'équateur, connaît des pluies irrégulières concentrées sur 3 à 4 mois.

C/ Le domaine indien et ses prolongements birmans ont rendu célèbre le phénomène de la mousson qui se déroule ici dans un cadre géographique particulier : au sud, une large façde sur l'océan indien qui s'ouvre sur des réserves d'air humide et, au nord, la barrière himalayenne, qui bloque sa progression. L'hiver, l'alizé continental apporte la sécheresse. De décembre à mai inclus, Bombay (19° Nord) ne reçoit que 20 mm pour une pluviosité annuelle moyenne qui approche 2000 mm. C'est dire que lorsque la mousson (humide) éclate, les pluies font un peu chuter les températures qui se maintiennent au cours d'une année moyenne entre 24,5 et 30,3°C. Au fond du golfe de Bengale, Calcutta (22°32' Nord) reçoit encore plus de 1600 mm de pluies annuelles (entre mais et octobre principalement) où la contribution des typhons n'est pas négligeable. Là encore, la saison pluvieuse est entrecoupée de périodes calmes, assauts et retraits de "mousson" oscillant comme le flux et le reflux.

 

 

III - 3 - Le climat équatorial

A première vue, cette étiquette classique fait référence à l'équateur géographique, évidemment stable, c'est à dire aux très basses latitudes. Le climatologue prend plutôt en considération l'équateur météorologique (fixé par l'axe plus ou moins marqué de la convergence des alizés) soumis à des migrations saisonnières. Afin de le démarquer du climat de "mousson", entendons pas "équatorial", un climat dont l'humidité est constante, ce qui peut nous écarter de l'équateur géographique si les facteurs régionaux y entretiennent une pluviosité soutenue. La bassin amazonien et son extension en Amérique centrale, le massif des Guyanes, la cuvette congolaise, l'Indonésie et la Mélanésie subissent un climat équatorial. La notion de saison perd son sens ici tant les situations météorologiques semblent uniformes tout au long de l'année.

- Les pressions, inférieures de peu à la normale se situent presque toujours entre 1005 et 1010 hPa, ce qui favorise l'écoulement des brises ; en mer, au sein des doldrums, des vents irréguliers et éphémères peuvent surgir au moment des orages.
- La monotonie thermique constitue le trait essentiel ; l'amplitude diurne, déjà faible, l'emporte cependant sur l'amplitude saisonnière qui est généralement inférieure à 2°C (0,6°C seulement à Singapour) ; en dehors des régions élevées, les moyennes mensuelles évoluent autour de 26 ou 27°C, niveau faible à l'égard de la latitude ; ce paradoxe s'explique par un ensoleillement déficient (à peine le tiers du maximum théorique, le plus souvent) que les images satellite permettent de saisir aisément (amas de cumulo-nimbus).
- L'importance des précipitations s'exprime par le total annuel (presque toujours supérieur à 1800 mm en plaine) comme par le nombre de jours de pluie (250 à 300 jours) ; la régularité des averses, souvent signalée, n'est pas une généralité (les orages en fin d'après-midi n'ont pas l'exclusivité) ; tous les mois ne sont pas non plus également arrosés : Brazzaville (5° Sud) connaît une longue période sèche de juin à septembre mais des phénomènes aussi marqués sont assez rares.
D'une façon générale, la pluviosité s'intensifie sur la zone de convergence et là où, pour des raisons diverses, les mécanismes d'ascendances sont fréquents (Indonésie, Mélanésie, le littoral de la Colombie...). Avec l'éloignement de l'équateur, la saison sèche s'affirme et s'allonge alors que l'amplitude thermique augmente. On passe insensiblement du climat équatorial aux climat tropical à deux saisons.

III - 4 - Le climat tropical humide

Il est assimilable au climat équatorial. Il se rencontre dans les régions tropicales sur les côtes orientales des continents et des îles constamment soumises à l'alizé humide : températures élevées toute l'année (25 à 27°C), faible amplitude thermique, pluies abondantes et régulières. A l'extérieur d'une bande de 8 à 10° de latitude de part et d'autre de l'équateur, ces régions sont visitées occasionnellement par les cyclones qui apportent une contribution notable à la tranche pluviométrique annuelle.

 

 

L'esquisse climatologique qui vient d'être présentée repose sur une classification zonale qui a permis de dégager trois grandes catégories de climats répondant principalement à des critères thermiques : entre le domaine du froid permanent et celui de la chaleur constante, s'intercale une série de types climatiques où la variation saisonnière de la température est plus ou moins accusée. La diversité des régimes pluviométriques a permis, par ailleurs, d'opérer des subdivisions internes, de sorte que la zonalité s'est trouvée plus d'une fois bafouée. Elle l'est totalement dans deux cas de figure qui ne peuvent se mouler dans le cadre précédent.

I - Les climats des bordures orientales des continents

Souvent identifié dans la littérature géographique sous le nom de "climat chinois" parce que cette partie du globe en offre le prototype, on le retrouve avec nuances diverses entre 30 et 40° de latitude environ à l'est du continent américain et dans le sud-est australien. C'est en quelque sorte le "pendant" oriental du type méditerranéen. Sa caractéristique essentielle tient aux grandes migrations méridiennes des masses d'air qui se traduisent par des invasions "polaires" porteuses d'un froid vif en hiver et des bouffées tropicales chaudes et humides en été. Les mois extrêmes présentent des températures moyennes de -4,2°C et 27,1°C à Tianjin (39° Nord) au sud de Pékin, de 3,5°C et 27,5°C à Shangaï (31° Nord), de 4°C et 26,5° à Tokyo (36° Nord), de 2,5°C et 25,5°C à Washington (39° Nord), de 7,9°C et 22,8°C à Bahia Blanca (39° Sud) en Argentine. Ces valeurs amalgament en réalité des types de temps variés et ne rendent pas compte de la brutalité des cold waves qui déferlent sur l'est des Etats-Unis en janvier et février en entraînant des chutes spectaculaires de la température, avec des minimums de -30°C dans le sud du Tenessee, à la latitude d'Alger. Le gel frappe encore le nord de la Floride, tout comme le sud-est du Brésil où, de temps à autre, les friagem anéantissent les caféiers jusque sous le tropique, comme lors de la nuit du 16 au 17 juillet 1975.
Les précipitations présentent un maximum de saison chaude très marqué. A Shangaï, les deux tiers de la tranche annuelle (1250 mm) tombent en 5 mois, même proportion à Charleston (33° Nord) aux États-Unis. La participation éventuelle des restes des cyclones tropicaux explique la variabilité pluviométrique interannuelle, sur les littoraux en particulier, sauf en Amérique du sud où ces phénomènes sont inconnus. A l'intérieur, dans les plaines des Etats-Unis notamment, on redoute plutôt les sécheresses. La récurrence d'étés secs (1925, 1930, 1933) a porté un grave préjudice à l'agriculture dans l'Alabama, le nord du Mississippi et l'Arkansas, d'autant que ces évènements se sont accompagné de fortes chaleurs et de vents.

II - Les climats de montagne

Les montagnes et, d'une façon générale, les régions élevées apparaissent sur tous les continents à toutes les latitudes.
Elles créent un obstacle à l'écoulement du flux atmosphérique, le détournent ou le canalisent, génèrent des courants de densité (brises) ; plongés dans l'atmosphère libre, les sommets élevés et isolés subissent souvent des violents.
L'altitude entraîne une baisse de la pression et par suite de la température ; en conséquence, une diminution de la capacité hygrométrique de l'air, un abaissement du seuil de saturation, une nébulosité et des précipitations accrues, sous forme de neige notamment.
Les réactions radiatives de la neige et de la glace accentuent le refroidissement de l'air ambiant, pourtant soumis à un rayonnement solaire moins filtré et plus intense.
Cette modification des paramètres climatiques par rapport aux régions périphériques basses n'est pas uniforme sur toute la planète et nécessite de traiter séparément deux ensembles :
Les montagnes des moyennes et hautes latitudes présentent des versants exposés différemment au soleil (adret et ubac) et aux vents humides, ce qui crée des effets de foehn et multiplie les particularités thermiques et pluviométriques. La physionomie de la végétation traduit concrètement ces oppositions.
L'évolution des paramètres moyens en fonction de l'altitude fournit les grands traits de la tendance générale, comme le montre cet exemple pris dans le sud-ouest de la France, où figurent respectivement altitude, température, nombre de jours de gel et pluviométrie sur l'année moyenne :

 

Ville                                   Altitude (en m)       Température (en °C)      Nombre de jours de gel       Pluviométrie (en mm)

Toulouse                                         150                                 12,7                                                      41                                                       650

Tarbes                                             360                                 11,6                                                      52                                                     1070

Bagnères de Bigorre              535                                 11,3                                                       71                                                      1150

Pic du Midi de Bigorre         2860                               -1,4                                                    257                                                     1700



Mais ces valeurs moyennes informent peu sur des particularités propres au milieu montagnard. Sur les inversions de température d'abord, qui pénalisent les fonds de vallée voilées par les nuages, et où s'accumule l'air froid, au bénéfice des versants plus élevés mais ensoleillés. Sur l'optimum pluviométrique aussi, situé à des altitudes variables (entre 3500 et 4000 m dans les Alpes du Nord, semble -til), seuil au-delà duquel la nivosité se stabilise ou commence à diminuer. Sur la répartition pluviométrique saisonnière enfin : les influences océaniques se conservent mieux en altitude que dans les vallées abritées pour toutes les montagnes situées à l'ouest des continents (le Puy-de-Dôme a son maximum pluviométrique de saison froide, soit 62 % de la tranche annuelle, entre octobre et avril inclus, alors que sur la même période, Clermont-Ferrand ne reçoit que 38 % de sa pluviosité annuelle). Cette opposition réapparaît encore nettement entre les hauteurs des Vosges et de la Forêt Noire avec la plaine d'Alsace et de Brisgau.
En région continentale, les pentes "sous le vent", réchauffées par le foehn, sont souvent libérées de la neige avant les plaines voisines. C'est le cas des bas-versants orientaux des Rocheuses canadiennes, vers Banff, près de Calgary, soumis au souffle du chinook et qui reverdissent plus tôt au printemps que les plateaux de l'Alberta.
L'altitude semble peu changer la situation des déserts continentaux quant à la pluviométrie. Au Cachemire, Leh (34° Nord), à 3460 m d'altitude, ne reçoit que des précipitations dérisoires (90 mm/an) avec -8,5°C et 17,6°C de température moyenne des mois extrêmes.
Dans les régions polaires, l'altitude ne fait qu'accentuer la rigueur du climat.

Les montagnes intertropicales sont des oasis de fraîcheur relative par rapport aux régions basses qui les environnent. Dans l'air libre, le gradient thermique vertical augmente dans les basses latitudes. Il dépasse 0,5°C par 100 m entre les tropiques, contre 0,3°C vers 60° de latitude. Les températures deviennent tolérables. Elles évoluent en moyenne entre 15,2 et 22,2°C à Léon (1800 m) aux Mexique, entre 13 et 17°C, à 2200 m sur les collines des Nilgiri au sud de Mysore (Inde), entre 8,8 et 12,4°C à La Paz (3600 m), en Bolivie. Par ailleurs, les situations d'adret et d'ubac disparaissent ici puisque, dans sa course apparente, le soleil vient visiter tous les versants.
La pluviométrie est renforcée sur les pentes exposées à l'est dans les régions soumises à l'alizé et doit dépasser largement 6 m par an sur le versant oriental de la Fournaise à la Réunion. Elle atteint 11,5 m en moyenne annuelle en Inde, à Cherrapunji (1300 m) où le flux de mousson, canalisé par le golfe du Bengale, rencontre les premiers reliefs himalayens !
Mais la haute montagne tropicale a un optimum pluviométrique assez bas (entre 1800 et 2200 m en général) et au-dessus de la couverture nuageuse, les hauts sommets des Andes au même titre que le Kenya, le Ruwenzori et le Kilimandjaro ne reçoivent qu'une mince couche de neige annuelle. Ce désert relatif est probablement imputable au contre-alizé sec et frais qui circule en altitude. La latitude impose par ailleurs un rythme thermique diurne (avec alternance gel/dégel) et non plus saisonnier comme sur le reste de la planète. Au coeur du domaine aride, les reliefs jouent le rôle de condenseurs : l'Asekrem (2700 m) dans le Hoggar doit recevoir, selon J.Dubief, 125 mm environ de pluies annuelles, soit trois fois plus que Tamanrasset, 1300 m plus bas.

Au regard des particularités régionales qui s'imbriquent dans les grandes divisions climatiques pour les nuancer, la répartition des climats du globe évoque plutôt l'image d'un puzzle ou d'un vaste patchwork que celle d'une grille ou d'une trame.
Les diverses valeurs moyennes qui ont été utilisées s'égrènent au fil de ces pages comme autant d'arguments objectifs destinés à étayer la description et la réflexion qu'elle implique. Ces moyennes sont issues de séries d'observations plus ou moins longues mais l'hétérogénéité de la documentation disponible n'est pas très dommageable ici car il s'agit essentiellement de saisir le profil du climat "actuel", c'est à dire des 5 à 6 dernières décennies. Dans le détail, on sait que cette physionomie évolue sans cesse. Il est vrai qu'au cours de cette période des "oscillations" ont pu se manifester, des tendances se préciser, au moins localement. La température s'élève en effet dans la plupart des grandes agglomérations, quels que soient le type de climat et la latitude. C'est là une réalité incontestable mais limitée - pour l'instant au moins - aux périmètres fortement urbanisés et qui s'estompe à mesure que l'on s'éloigne du centre des villes au point de devenir à peine perceptible dans les campagnes périphériques. L'extrapolation de ce phénomène à l'ensemble de la planète relève d'une généralisation abusive. Elle trouve sa justification dans le fait que les stations d'observations sont fixées, pour leur majorité, dans des sites urbains ou dans leurs marges immédiates. D'immenses espaces océaniques et les régions continentales les moins peuplées échappent aux mesures.
Il est donc nécessaire de tempérer l'ampleur du réchauffement contemporain et de nuancer les propos alarmistes concernant les décennies futures. Au coeur de tous les débats qui s'engagent sur l'évolution climatique, l'homme est mis en accusation. Il modifie l'environnement en raison même de son essor démographique et des moyens technologiques dont il dispose : déforestation, substitution de plantes cultivées aux espèces naturelles (modification de l'albedo de surface et du cycle de l'eau), introduction dans l'atmosphère de gaz à effet de serre, pollution des eaux océaniques (par une fine pellicule d'hydrocarbures notamment) qui peut altérer le phénomène d'évaporation (flux énergétiques et de masses...). A vrai dire, les scientifiques sont incapables de séparer les effets anthropiques sur le climat des processus naturels (cosmiques, autovariation interne des éléments physiques du système planétaire) puisque la nature mêle les diverses composantes. Le programme mondial de recherche sur l'évolution climatique (Global Change) se heurte à de multiples difficultés d'observation et d'interprétation en dépit des méthodes et des multiples difficultés mis en oeuvre (veille sattelitaire, modélisations par ordinateur...). La connaissance du climat futur ne se réduit pas à un objet de curiosité. Les perspectives d'aménagement dépendent des résultats - peu tangibles - qui sont actuellement acquis. Là encore, l'homme devra apprendre à gérer l'incertitude.

 

 

Sources :

 

- "Éléments de géographie physique", Ch. Le Coeur, Collection Grand Amphi, Ed. Bréal, 1996.
- "Les climats : mécanismes, variabilités, répartition", A. Godard, Collection Cursus, Ed. Armand Collin, 2009.

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